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22/12/2007

Qui peut répondre ?

Afin de combler une lacune, qui peut me dire qui a écrit ce poème que j'ai entendu une fois à la radio mais sans avoir saisi le nom de l'auteur :

 

  "Je voudrais être avec vous
 Comme les deux pieds de Jésus,
 L'un dessous, l'autre dessus,
 Entre les deux un petit clou."

 

Merci ! 

13/12/2007

L'anti-Pascal

L'anti-Pascal

Le pari de Pascal :
"Si Dieu existe et que j'y crois je vais au Paradis, tandis que si je n'y crois pas je vais en Enfer, alors que si Dieu n'existe pas cela ne fait aucune différence d'y croire ou pas puisque dans un cas comme dans l'autre le résultat sera le même." Le pari de Pascal est donc de croire en Dieu pour une simple affaire de "rentabilité".
Mais en fait on ne peut pas choisir de croire ou de ne pas croire. Tout au plus peut on choisir d'accepter de se soumettre à la loi religieuse et se mortifier si l'on ressent en soi des moments d'incroyance ou d'incrédulité. En fait c'est une attitude d'une incroyable hypocrisie qui consiste à "faire comme si", "au cas où"...

L'anti-Pascal dira au contraire :
"Si je crois en Dieu et qu'il n'existe pas cela ne changera rien à mon sort puisque n'existant pas il ne pourra pas influer sur mon devenir après ma mort, tandis que si je ne crois pas en Dieu et qu'il existe malgré tout - ce que je ne saurai qu'après ma mort -, il faut plutôt que je reste fidèle à ma conviction car il y a gros à parier que si Dieu existe et doit nous juger un jour d'après nos actes il préfèrera les hommes intègres à ceux qui n'ont dicté leur conduite que par l'intérêt et le calcul opportun.

10/12/2007

Fable : Le lapin et la mouche

Le lapin et la mouche


Un lapin qui courrait s'enfuyait dans la lande,
Une mouche qui volait lui fit cette demande :
Hé monsieur du Lapin, où cours tu donc si vite ?
Vois, là, dit le lapin, un aigle me regarde,
S'il vient à m'attrapper j'en serai welsh-rabbit
J'aime autant m'échapper et qu'enfin Dieu me garde !

Eh, comment, dit la mouche, tu as donc peur d'un aigle ?
Chaque jour insouciante je fais voler mes ailes
Et je me fiche bien des rapaces qui regardent
Ils doivent bien voir de loin que je suis sur mes gardes
Et que j'ai dans mon sac des tours et des ficelles
Qui comme des talismans me protègent des aigles.

Vraiment dit le lapin, un être aussi petit
Peut être par les dieux bien armé de magie ?
Mouche ma soeur donne moi quelques tours
Qu'aussi je puisse défier les faucons et autours
Grace à la science qu'en toi tu certifies,
Et regagner ce soir le lieux de mes orgies.

La mouche qui plastronnait se gonfla les poumons
Et finit illico dans le bec d'un pinson.
Comme quoi, dit le poète, il ne suffit donc pas
D'être trop méprisé des princes de la Terre
Pour se croire à l'abri de la faim ordinaire,
Et ne jamais courrir le risque d'un trépas.

Encore des plus petits et des moins redoutables
Il faut se protéger quand on se met à table
si l'on veut éviter pour se voir admirer,
D'être comme l'invité qui paye le repas.

29/11/2007

Dors

Dors,

Dors, tu ne verras plus les étoiles de l'univers,
Dors, tu ne verras plus le vent invisible qui fait bouger les feuilles,
Dors, tu ne verras plus les rêves inaccomplis,
Dors, tu ne verras plus ce que tu n'osais regarder
Dors, tu ne verras plus ceux qui te regardent encore
Dors, tu ne verras plus la misère affamée
Dors, tu ne verras plus la souffrance incomprise
Dors, tu disparaîtra à toi-même

27/11/2007

Archéologie

Archélologie



     Il y a un problème qui fait le désespoir de bien des égyptologues : Depuis le début des recherches en égyptologie des dizaines de monuments et de sépultures ont été perdus, quasi définitivement enfouis sous des milliers de tonnes de déblais. En effet, chaque fois que l'on creusait quelque part, la difficulté de transporter tous les matériaux issus des fouilles faisait que l'on se contentait de les déverser quelques mètres plus loin, sans réaliser que l'on était peut-être en train d'ensevelir des merveilles que l'on rendait inaccessibles.

...................................


     Origène avait une méthode de rangement qu'il qualifiait d'à la fois simple et naturelle : le rangement par sédimentation, c'est à dire qu'il se contentait de poser sur une grande table qui lui servait de bureau tous les différents papiers qu'il accumulait dans le cadre de son activité professionnelle. Il y avait aussi bien des factures que des publicités, des commandes de clients ou des lettres personnelles. De manière logique, les plus anciens se trouvaient en dessous et les plus récents dessus.  La seule chose à laquelle il devait prendre garde était de ne rien égarer, mais enfin, il était bien rare dans sa maison aux fenêtres toujours closes qu'un coup de vent emportat quelque papier et quand l'un d'entre eux tombait au sol il essayait de la ramasser avant qu'il ne soit complètement recouvert par la poussière. De temps en temps, c'est à dire à peu près une fois par an, il donnait un grand coup de collier et s'attelait à sa comptabilité. Il commençait par y penser trois mois avant, paniquait pendant le dernier mois et se mettait vraiment au travail quand sa comptable lui téléphonait pour prendre de ses nouvelles.
    Une des causes de son découragement devant les tâches administratives était le sentiment qu'il avait d'être devant un langage inconnu, quasi hiéroglyphique. Mais de temps en temps, il avait besoin d'un papier, soit une facture à payer, soit une déclaration à remplir ou une commande à honorer et se mettait vraiment à la chercher à partir du moment où il recevait des rappels. Alors, s'il se souvenait à peu près de l'endroit où il l'avait posée, il se mettait à fouiller dans son tas de sédiments papelardiers. Il commençait à soulever quelques poignées de papiers en essayant de ne rien déplacer pour ne pas compromettre sa méthode de rangement "naturel". De temps en temps il avait de la chance et trouvait assez facilement le document objet de sa recherche, mais assez souvent il ne trouvait pas. Alors ses fouilles devenaient de plus en plus frénétiques. Il ôtait à gauche et redéposait à droite, fouillait au milieu pour finalement revenir là où il avait déjà regardé et peu à peu, envahi par le stress soulevait des tas de papiers au hasard et les redéposait n'importe où, là où il trouvait de la place. Il ne procédait pas de manière logique et rationnelle car cela l'aurait obligé à TOUT ranger d'un coup, et il n'en avait ni le temps ni le courage. Alors, soulagé, il finissait par saisir l'occasion d'une lettre de rappel pour régler le problème et abandonner sa recherche.
     Et puis, quand la date fatidique de sa clôture d'exercice arrivait il se mettait à la tâche et entreprenait de trier document par document  tout ce tas immense, fruit de l'accumulation de toute une année de correspondance publicitaire et administrative. Le pire est qu'il y arrivait : ce qu'il avait considéré comme un véritable travail pharaonique finissait toujours s'accomplir du moment qu'il était coincé par le calendrier et n'avait plus d'échappatoire. Même, il se sentait bien, libéré d'une espèce de montagne névrotique et envahissante qui l'avait terrifié pendant des mois.
     Alors, quand sa tâche était finie et qu'il avait même réussi à prendre un peu d'avance sur le travail de l'année suivante il se considérait très fier de lui et se disait qu'il avait une méthode personnelle qui s'appelait : "fouilles et sédimentation".

25/11/2007

Le bon roi et le dernier sujet

Un roi était un très grand roi. Il régnait sur un pays immense et sur un grand nombre de sujets. Son pouvoir était absolu, mais c'était un bon roi, juste et généreux. Il savait distribuer à son peuple les revenus de son immense fortune, ce qui fait que ses sujets ne rechignaient jamais à accomplir les tâches et même les corvées que leur roi leur demandait. Ses sujets étaient comme ses enfants et lui était comme un père qui veille avec affection sur sa famille.
Pour son malheur, ce roi n'avait pas de descendant. L'âge était venu sans qu'il s'en aperçoive, tant il était absorbé par son travail quotidien pour le bien de son royaume, et la reine son épouse ne lui avait pas donné d'enfant. C'était une question qui le préoccupait : il avait vu d'autres royaumes verser dans les guerres civiles après la disparition d'un monarque juste et cette question le hantait. Il avait peur que certains, parmi les plus en vue de ses sujets, ne se battent pour le pouvoir qu'il viendrait à laisser vacant au jour de sa mort. Il ne voulait pas faire entrer en disgrace les plus méritants, ni non plus favoriser certains qui n'avaient guère de mérite. Mais il sentait bien que parmi tous ceux de ses sujets qui auraient pu prétendre diriger un jour le royaume il était incapable de faire un choix : chacun avait ses qualités et il n'aurait pas été juste de favoriser l'un plus que l'autre.
Après des années de réflexion il résolu de partager son royaume entre tous ses sujets, de le morceler afin de donner à chacun une part égale. Chacun serait ensuite libre de faire fructifier sa parcelle comme il l'entendait et la félicité pourrait continuer de régner dans l'égalité et la liberté. Par chance, son royaume se trouvait au centre d'une vaste plaine ; la terre était également bonne partout et l'eau y était abondante : si aucune rivière ne coulait à travers le royaume il était par contre facile de creuser des puits peu profonds qui permettaient d'accéder à une eau claire et fraiche. Comme il n'y avait guère d'enjeu sur le choix des parcelles ses géomètres n'eurent aucun mal à en tracer les contours : par facilité chacun s'accomoda de celle qui se trouvait la plus proche de chez lui et tout se passa le mieux du monde.
Pourtant un matin le roi reçu la visite d'un de ses sujets qui lui présenta une étrange requète :
"Majesté, lui dit-il, je voudrais vous remercier pour ce don que vous faites à chacun. Pourtant, moi je n'ai pas l'âme d'un laboureur ni celle d'un éleveur. Je n'ai envie de planter ni des fleurs ni des légumes, je ne cherche pas à élever des vaches, des chevaux ou des moutons ; je n'ai que faire de forêts et n'ai pas l'intention de construire une usine de scierie, de filature, ni même de boucherie".
"Que veux-tu alors ? lui demanda le roi. D'ailleurs, regarde : tu es venu en dernier, tout le monde a été servi ; tout mon royaume est partagé et il ne me reste pas le moindre petit bout de terre à te donner. Pourquoi n'es-tu pas venu en même temps que les autres ?
"Je vous l'ai dit majesté, je n'étais pas intéressé par ce type de parcelle, et je ne voulais pas compliquer le partage. Par contre, à la question de savoir si tout est déjà partagé, je puis facilement offrir à votre majesté une solution qui me conviendrait et qui ne prendrait que peu à chacun.
"Parle dit alors le roi, je t'écoute.
"Je me contenterai, dit le sujet, d'une bande de terre d'un mètre de large prise en façade de chacune des parcelles. Il faudra bien sûr que cette bande de terre soit d'un seul tenant du début à la fin.
"Est-ce que cela ne sera pas un peu gênant pour les autres demanda le roi ? Si chacun veut visiter son voisin il sera obligé de traverser ta terre et risquera de piétiner tes plantations...
"Il n'y aura pas de problème dit le sujet, je laisserai chacun libre de traverser ma terre à sa guise et dans n'importe quel sens, d'ailleurs je ne désire pas faire de plantations.
Cette requète parut un peu étrange au souverain, mais comme il n'y voyait rien qui pouvait troubler l'ordre de son royaume il acquiesça à la proposition et ainsi fut fait.
Ceci fait, le sujet, délimita sa parcelle comme il l'avait dit au roi. Il y déversa des chariots de cailloux et de gravier pour en durcir le sol et le rendre définitivement impropre à la culture. Puis il construisit de loin en loin de petites maisons qui étonnèrent tous ses voisins.
"A quoi te sert-il, lui demandaient-ils, de construire la chambre à un kilomètre de la salle à manger et à un kilomètre encore de ce que je suppose être la cuisine ?
"Vous verrez, vous verrez, leur répondait-il tout en continuant son labeur.
Et pendant ce temps là, chacun s'activait sur sa parcelle pour y faire pousser qui des pommes de terre, qui des navets, qui du blé ou des poulets, mais au bout de quelques temps ils eurent besoin de se reposer et cherchèrent à échanger les produits de leur travail.
"Et toi, qu'as tu fait ? demandèrent-ils au dernier sujet, celui qui avait eu une requète bizarre.
"Moi, dit-il, j'ai fait une route que vous devrez tous emprunter pour vous rendre chez les uns ou chez les autres. Et sur cette route j'ai construit de petites maisons qui seront des magasins où vous pourrez venir vendre vos produits et où chacun pourra venir les acheter. Pour ce service que vous utiliserez en toute liberté vous n'aurez qu'à me verser quelques pièces chaque fois que vous ferez des affaires grâce à moi ; je ne vous demanderai rien d'autre.
Ainsi fut fait, et le vieux roi vit qu'il pouvait mourir en paix car il avait trouvé quelqu'un pour mettre de l'ordre dans son royaume.
Peu à peu le dernier sujet s'enrichi et plus les affaires se développaient plus il s'enrichissait. Il racheta le château du vieux roi et peu à peu, les autres sujets prirent l'habitude de le considérer comme si il avait lui-même toujours été le roi.

10/10/2007

Monsieur Hulot

L'escogriphe aux feux de plancher

Marche d'un pas qu'a dansé 

25/07/2007

Cy Twombly, Rindy Sam

          Un baiser sur fond blanc



     Une toile blanche peinte en blanc... Et ça vaut deux millions de dollars ! On ne sait pas si on doit crier au génie ou à l'usurpation... Génie peut-être, si on considère que quelqu'un l'ayant fait une fois, plus personne ne peut le refaire, exactement comme plus personne ne peut peindre la Joconde depuis que Vinci l'a fait une fois. Klein nous avait déjà fait le coup du bleu, mais jamais il n'aurait osé aller aussi loin ! Génie encore, car pour oser demander deux millions de dollars pour un truc comme ça il faut vraiment être génial ! Créer de la richesse à partir de rien tout le monde en rêve, mais peu de gens sont capables de le faire, même si beaucoup essaient.
     Cela pose tout de même quelques questions :
     Est-ce que les fabricants de feuilles de papier blanc vont devoir verser des droits d'auteur au père de cette oeuvre magistrale, comme n'importe qui qui utiliserait le travail d'un artiste à des fins commerciales ? Ou au contraire Cy Twombly va-t-il être accusé de plagiat ? Car à n'en pas douter il n'est rien d'autre qu'un plagiaire, même si plus personne ne se souvient du nom de l'inventeur de la feuille blanche. C'est un peu comme si un musicien déposait à la SACEM l'invention de la gamme de do... Ou un industriel un brevet pour l'eau chaude ! On ne voit plus très bien où se situe la limite entre le génie, la bétise et l'escroquerie. En tous les cas Cy Twombly se situe carrément beaucoup plus du côté du père Ubu et de la pataphysique que de celui de Léonard de Vinci !
     Rindy Sam fait oeuvre de salut public en allant violer un peu cette "oeuvre", de la même manière que celui qui avait donné un coup de marteau sur une pissotière célèbre. Tous les deux sont le souffle et la respiration de la révolte de l'intelligence. Car après tout, Cy Twombly n'est pas si coupable : pour son oeuvre il méritait un sourire amusé, voire même un peu de sentiment de complicité.
     Mais que des gens soient si bêtes, et aient tellement peur de rater quelque chose qui se passe au niveau de l'intelligence qu'ils soient prêts à débourser deux millions de dollars pour cela, que ces gens prennent des postures de maîtres à penser et veuillent s'imposer comme des parangons de la chose culturelle, au point de crier au viol pour un simple baiser, pour un simple effleurement des lèvres qui plairait à n'importe quelle (véritable) vierge, cela doit nous faire réellement peur. On sait que la bétise cherche toujours à se raprocher du pouvoir, c'est le seul moyen qu'ont les imbéciles pour se rassurer.
     Alors Rindy Sam, je n'ai qu'une chose à te dire : tu as eu tort de faire ce que tu as fait ; car ce n'est pas tes lèvres avec un peu de rouge que tu aurais du poser sur cette toile, mais ton cul, et y laisser un beau paquet de merd(r)e !

11/05/2007

Si je croyais en Dieu...

Si je croyais en Dieu et si je l'aimais comme il m'arrive de vous aimer, vous diriez que je suis un saint.
Si je croyais en Dieu et si je le haïssais, comme il m'arrive de vouloir vous haïr quand je doute de vous, vous diriez que je suis un blasphème.
Si je croyais en Dieu et si je l'oubliais, comme il m'arrive de vouloir vous oublier quand je me sens perdu, vous diriez que j'ai besoin que son doigt se pose sur moi.

29/04/2007

Ici il y a de l'orage

Ici il y a de l'orage

Le ciel résonne,

Le vent tourne les pages

Et caresse ma peau.

Je crois que je serai trempé

Quand tout à l'heure je vais rentrer à pieds.

Mais ça ne fait rien

Je me faufilerai

Entre les gouttes

Et s'il me mouille un peu

Je penserai à toi

Qui m'attendra avec un linge sec

Et me caressera

Comme un enfant mouillé.

08/02/2007

Adore, adora

Je voudrais votre main
Et ne plus la lâcher
Peut-être que demain
J'oserai vous toucher ?

06/02/2007

Si...


Si tu étais l'oiseau volant vers le soleil
Alors je serais l'arbre qui tend ses branches au ciel
Que tu viennes t'y poser

Si tu étais le vent qui emporte les ailes
Je serais cerf-volant au bout d'une ficelle
Que tu viennes m'emmener

Si tu étais la barque qui cherche son destin
Moi je serais la mer, les ports et les marins
Que tu viennes y voguer

Si tu étais la foule immense et colorée
Moi je serais la terre où l'on pose les pieds
Que tu viennes y marcher

Si tu étais l'étoile perdue au fond des cieux
Du cher vieux Gallilée j'emprunterais les yeux
Que j'aille t'y chercher

Comme un sourire..

Comme un sourire qui passe
Au matin de mes rêves
J'ai sur moi qui m'embrasse
Le parfum de tes lèvres

Ah ! Si...

Ah ! Si j'avais osé
Vous prendre dans mes bras,
Sur vos lèvres poser
Un baiser un peu gras,
Vous serrer contre moi
Et ne pas vous lâcher,
Frémir à vos émois
Sans crainte de vous fâcher...

23/01/2007

Une nuit d'Enfer

     Paris.
     Je crois que je dormais profondément. Je dis je crois car je n'ai aucun souvenir sur les instants qui précédèrent mon réveil. Je me souviens seulement du moment où je m'étais couché, la veille au soir, très fatigué par plusieurs jours de voyages, de visites, de rendez-vous et de repas trop longs et trop arrosés, et où, la lumière à peine éteinte, je m'étais laissé sombrer dans une disparition délicieuse, un abandon total et douillet au fond d'un lit chaud au matelas un peu mou, le corps recouvert d'une couette en duvet d'oie, idéalement légère et confortable.
     Je fus réveillé brutalement par le bruit d'un moteur de camion qui ronflait dans la rue au bas de l'immeuble. Le moteur ne se contentait pas de tourner mais le chauffeur en plus donnait de grands coups d'accélérateur pour augmenter le régime du moteur, comme quelqu'un qui en hiver veut faire chauffer sa mécanique avant de démarrer. Cela dura de longues minutes, beaucoup plus qu'il n'était nécessaire à quelqu'un qui se met en route le matin et s'apprête à s'en aller. Au bout d'un moment je senti la colère monter en moi. Je regardai l'heure à mon réveil électrique et vis qu'il était quatre heures du matin. Manifestement ce gars là n'en avait rien à fiche de réveiller toute la rue et d'empêcher des dizaines de personnes de dormir.
     Je me senti pris d'un désir de violence, j'avais envie de lui lancer quelque chose par la fenêtre, n'importe quoi, une bouteille vide ou un objet qui au moins casserait le pare-brise de son véhicule et lui ferait comprendre ce que son comportement pouvait provoquer. Je suis habité de temps en temps par de tels sentiments quand je me sens victime d'une injustice. Heureusement je ne passe jamais à l'acte ; mais cela me permet de me libérer, de ne pas subir de souffrance en étouffant la douleur et au final d'être plus décontracté quand je dois faire face à ce qui me tourmente.
     Je décidai quand même de me lever et d'aller voir par la fenêtre de quoi il retournait. J'ouvris les volets métalliques et, nu comme un ver, je m'engageai sur le balcon en essayant de garder dans la pénombre la partie inférieure de mon corps.
     Ce que je vis fit tomber instantanément ma colère comme une chose inutile qu'on jette sans regrets. Un camion de pompiers était stationné dans la rue et avait déployé sa grande échelle. Tout en haut, un brancard était fixé dans la nacelle et l'opérateur essayait d'atteindre le sixième étage de l'immeuble voisin. C'était une manœuvre difficile, qui demandait beaucoup de patience et de précision, et chaque fois qu'il manipulait son engin le moteur du camion accélérait automatiquement pour fournir un surcroît d'énergie. Voyant qu'il n'y avait rien à faire et commençant à être pris par le froid je retournai me coucher et me mis un oreiller sur la tête pour essayer de me rendormir.



     Normandie.
     J'étais rentré chez moi après mon week-end parisien, comme tous les lundis soir. Ma maison est en fait une maison double. La partie habitation, par devant, que rien ne distingue des maisons voisines si ce n'est qu'elle a des fenêtres à petits carreaux et que sa façade est mangée par une glycine, et la grange, par derrière, qui est constituée d'un seul espace sans mur ni plancher et dans lequel j'ai seulement installé un certain nombre de plates-formes en quinconce auxquelles on accède par tout un jeu d'échelles de meunier, un peu comme dans les dessins de Escher, avec cette seule différence que le haut reste toujours le haut et que le bas ne prend jamais sa place. Où qu'on soit dans la grange on peut embrasser du regard l'ensemble du bâtiment et c'est cette unicité qui justement me plaît. C'est dans cet espace que je range toutes mes collections de tableaux, de dessins, de gravures et de livres rares et précieux, toute l'accumulation provoquée par une vie entière à la recherche de pièces curieuses, de manuscrits uniques et d'objets étonnant.
     Une fois dans le maison je me rendis compte qu'il y avait de la lumière dans la grange. J'en fus étonné car je n'y ai pas installé l'électricité. De jour, elle est éclairée par des lucarnes dans le toit et deux petites fenêtres à hauteur du premier étage et de nuit, je ne m'y rends qu'à l'aide d'une baladeuse. Je ne risquais donc pas d'avoir oublié la lumière et de plus, vivant seul, il n'y avait personne qui put s'y rendre à part moi.
     Saisi d'anxiété je me rendis donc immédiatement dans ce bâtiment afin de constater ce qui se passait.
     Mon frère jumeau était là. Je ne savais pas comment il était entré car il n'avait pas ma clé mais il était là. Il s'était installé un coin avec un lit sur une des plates-formes et avait posé des bougies partout pour donner de la lumière. Il y avait des bougies au sol, des bougies sur les livres et les rayons de bibliothèque, des bougies sur les piles de gravures et de dessins, sur les marches des échelles de meunier et les poutres de la charpente, et toutes ces bougies donnaient une lumière blafarde et chancelante qui vacillait au moindre courant d'air.
     J'en fus horrifié !
     « Tu es fou, lui dis-je ; tu vas mettre le feu ! »
     Pour toute réponse il se contenta d'éclater de rire et de me reprocher une inquiétude maladive et irraisonnée.
     Et justement, pendant qu'il disait cela, une bougie posée sur un tas de gravures se renversa et communiqua sa flamme aux papiers sur lesquels elle était tombée. Je me précipitai dans les escaliers pour tenter d'intervenir et pendant ce temps là mon frère Pascal, qui s'était rendu compte de sa bêtise, essayait aussi d'arrêter le début d'incendie. De ses pieds il piétinait le tas de gravures enflammées, sans aucun égard pour les eaux-fortes tirées sur papier de chine fragile ou les lithographies sur hollande resplendissant. Mais il tentait d'éteindre les flammes et après tout, les désastre étant entamé, autant essayer de sauver ce que l'on pouvait sauver. Mais hélas, en même temps qu'il piétinait et cherchait à écraser les flammes, dans son affolement d'autres bougies s'étaient renversées et des flammèches s'envolaient et allaient communiquer l'incendie aux diverses plates-formes. Ce fut une ruée infernale. Nous courions de feu en feu, armés de couvertures et de bâches, pour tenter d'étouffer ce monstre dévorant. Nous étions aveuglés par la fumée, saisis de quintes de toux abominables, nos poumons nous brûlaient et nos yeux nous piquaient et je ne sais comment, nous réussîmes à nous rendre maîtres de l'incendie.
     Nous restâmes un long moment hébétés, nous attendant sans cesse à voir les flammes reprendre à un endroit ou un autre, mais finalement, le temps passant, nous fûmes heureux de voir que nous avions vaincu et que tout danger était écarté.
     Les dégâts étaient sans doute immenses, des pièces uniques avaient du disparaître ou étaient à jamais endommagées, mais il était bien trop tôt pour faire un bilan et seulement le lendemain, à la lumière du jour, je pourrais me faire une idée du désastre que j'avais subi.                                                                                           Soudain j'entendis un bruit bizarre, comme celui d'une douche qui coule fort, mais très fort, extrêmement fort, et en un instant nous fûmes trempés, inondés :  les pompiers de la nuit précédente étaient arrivés et avaient entrepris de noyer tout ce qui avait échappé aux flammes !    

 

     Quand je me réveillai j'étais encore à Paris, couché dans mon lit des week-ends. Tout allait bien, et d'ailleurs je n'ai pas de frère jumeau.  

12/01/2007

Depuis que j'ai...

Depuis que j'ai...


Vous qui aimez la poésie
Le charme de ses mots qui chantent
l'amour, le désir et la vie
Je vous dirai ce qui me hante
Depuis que j'ai...

Pas un instant sans que j'y pense
Mon esprit entier s'y est mis
A fredonner cette romance
Mon cœur aussi a été pris                                                                                                                             Depuis que j'ai...

Je suis tombé dedans tout cru
Le premier instant m'a saisi
Jamais un désir aussi dru
N'était apparu dans ma vie
Depuis que j'ai...

Je sens que je suis possédé
Mes sens ne m'appartiennent plus
Même ma raison a cédé
Mes sentiments n'en parlons plus
Depuis que j'ai...

Soudain je croyais tout gagné
Le lendemain j'avais perdu
Un jour mon amour était né
En quelques heures c'était foutu
Depuis que j'ai...

Dès la première fois j'avais su
Que mes bras attendaient son corps
Son regard aussi m'avait plu
Et son sourire, ses cheveux d'or
Depuis que j'ai...

Mais très vite elle s'est éloignée
Et sa silhouette a disparu
Quand son regard s'est détourné
J'ai su que je n'existais plus
Et je n'ai plus.

J'ai rêvé...

J'ai rêvé...



J'ai rêvé d'amour fou
J'ai rêvé d'amour tendre
Sans vous je deviens fou
Je ne peux plus attendre
Il me manque ce vous
Dans mes mains qui se tendent
En vous je vous l'avoue
Je voudrais me détendre

Et pour vous dire tout
Sans vouloir me défendre
Oui je suis fou de vous
De vos yeux en amande
Je serais prêt à tout
Vous voir enfin vous rendre
A mes baisers jaloux
Mes caresses en offrande

Si je vous disais tout
Vous sauriez ma demande
Mes pensées et mon goût
Pour votre peau si tendre
Si je vous disais tout
Vous sauriez que je ...                                                                                                                                    Pour vous.

10/01/2007

Baisers mouillés...

Baisers mouillés
Baisers salés
Sable porté par le vent
Qui vient crisser entre les dents
Ventre plat de la plage
Où deux rochers pointus surnagent
Le temps s'écoule entre les doigts
Comme les vacances qui poudroient
Quand reviendra le bel été
Et le vent chaud et ses baisers
La mer qui monte entre nos jambes
Pleines de frissons la peau qui tremble
Baisers mouillés
Baisers salés
Quelques photos j'ai emporté...

04/01/2007

Dans tes yeux

Quand dans tes yeux le désir monte
Que tu dégrafes  mon pantalon
Et que tu regardes sans honte
Mon appendice le plus long

J'apprends que j'ignorais la vie,
les secrets profonds de ton âme,
C'est quand le désir t'envahi
Que je vois ta beauté de femme.

Et si je suis toujours surpris
Par la franchise de tes gestes
C'est que je n'avais pas appris
Que l'amour peut être aussi leste

Mais je t'en prie, continue
Montre moi encore le chemin
De ce désir qui nous met nus
Et qui nous guide par la main

03/01/2007

Un mot...

Un mot passe, porté par le vent... S'offrir à lui pour qu'il se pose, lui offrir ses émotions, ses souvenirs, ses désirs. S'il se plait, d'autres, peut-être, le rejoindront et naîtra alors un poème, un conte ou l'âme de la création.

28/12/2006

Des nouvelles d'Isabelle...


Des nouvelles d'Isabelle





Passionnés depuis que j'ai parlé d'Isabelle
Les poissons de la mer ont voulu des nouvelles

La lune et les étoiles, mon ami le soleil,
Les nuages dans le ciel aussi tendaient l'oreille

Les oiseaux et les fleurs qui m'offraient des poèmes
M'ont dit redonne nous encore une rime en aime

Tout le long de la route les arbres des forêts
Les vaches à l'étable, les lièvres en arrêt

Les églises des villages, leurs cloches qui sonnaient
Les écoles d'enfants sages, celles d'enfants qui riaient

Tous ceux qui me disaient: Elle est douce elle est belle,
Surtout ne l'oublie pas, va chercher des nouvelles

Ne savent pas combien je suis désespéré
Depuis que je n'ai.... plus le droit de l'aimer.

27/12/2006

Cyrano

Quand le sable mouillé par les vagues qui montent
Nous glisse sous les pieds et emporte nos pas
Je te serre contre moi et je te dis les contes
De ces pays radieux que tu ne connais pas

Le vent dans les cheveux, les yeux presque fermés
Tu écoutes en souriant ces histoires ordinaires
De garçons et de filles qui se sont aimés
Dans des îles inconnues bien au delà des mers

Ma main tenant ta main je t'entraîne avec moi
Vers ce pays heureux où je n'aurai que toi.
A genoux à tes pieds et te baisant les mains

Mes rêves enfin prennent vie et un jour très prochain
Roxane qui attend l'amour depuis longtemps
Verra en Cyrano l'ami le plus constant

14/12/2006

Wow wow wow

Wow wow wow, Carmencita
Wow wow wow, Carmencita
Je t'attends, tu n'es pas là
Est-ce que tu penses à moi ?

Wow wow wow, Carmencita
Wow wow wow, Carmencita
Je t'ai peut-être fait peur
En brûlant d'une telle ardeur ?

Wow wow wow, Carmencita
Wow wow wow, Carmencita
Je n'ai plus qu'un écran plat
Qui puisse me parler de toi

Wow wow wow, Carmencita
Wow wow wow, Carmencita
Quand est-ce que tu reviendras
Pour te blottir dans mes bras ?

Wow wow wow, Carmencita
Wow wow wow, Carmencita
J'ai envie avec des fleurs
De caresser ton bonheur

Wow wow wow, Carmencita
Wow wow wow, Carmencita
Wow wow wow, Carmencita
Wow wow wow, Carmencita

13/12/2006

L'âne (2)

L'âne à Tommy



L'âne à Tommy
Dépecé, écorché,
Aux viscères qui pendent
Encarminées de sang.
Petits caillots graisseux,
Petites grappes blanches et obscènes
Entre les muscles fins.
Nudité de la chair
Qu'aucune peau ne recouvre,
Violence de la viande
Vivante et debout,
Coeur qui palpite encore
Dressé sur ses sabots,
Bête qui brait
De souffrance affolée,
Suppliante douleur
Des images sanguines
Aux tableaux des écoles
Et des classes enfantines.
Âne qui ne dit mot
N'est âne qu'on écoute

L'âne

L'âne
Amorphe
Ose
L'anamorphose
Ravi
Au lit
Epaté !

07/12/2006

Conte d'hiver


C'était hier. J'étais allé faire un tour à la plage histoire de respirer quelques minutes le vent glacé qui soufflait du nord. Du haut de la dune, de là où s'arrêtait la route, je voyais les rouleaux gris de la marée qui montait et envahissait cette grève mélangée de sables et de vases qui s'étend depuis Saint Jean jusqu'au fond de la baie. Sur le bord de la plage on voyait des traces de chevaux qui étaient venus s'entraîner là plus tôt dans la matinée et que l'on faisait galoper dans le sable mou pour leur fortifier les membres.
J'enfilai une paire de bottes en caoutchouc que je gardais toujours dans le coffre de la voiture et je descendis vers l'eau. J'aime l'eau ; comme il y a des incendiaires qui sont fascinés par le feu, je suis fasciné par l'eau. Je n'ai jamais provoqué d'inondation mais chaque fois que je vois des prés envahis par une rivière je suis en extase devant la beauté du spectacle. Le moindre étang, la vue d'un canal, le cours sinueux d'une rivière sont des images qui me ravissent ; alors la mer, cette étendue vivante, magique et d'une force incommensurable, je pourrais rester des heures à la regarder, à l'écouter, la sentir.
La marée montait rapidement. Les petites vagues frisées d'écume courraient les unes après les autres et cherchaient les moindres creux de ruissellement dans lesquels elles pourraient avancer encore un peu plus vite. Souvent on dit que dans la Baie la marée avance à la vitesse d'un cheval au galop ; ce n'est jamais vrai et c'est sans doute quelque poète à la recherche d'une image forte qui est à l'origine de cette légende que les habitants des villages côtiers se plaisent à répéter pour impressioner les touristes. Néanmoins c'est toujours une vision étonnante que cette masse d'eau qui parait sans limite et se déplace sans cesse avec une régularité d'horloge.
Soudain je vis une forme sombre qui bougeait lentement entre deux eaux à quelques dizaines de mètres de moi. Je pensais tout de suite à un baigneur à cause de la forme allongée et de la masse du corps que j'entrevoyais de loin, mais je réfléchis que ce n'était pas possible en cette saison ; cela devait être une sorte de gros poisson qui s'était aventuré en ces eaux peu profondes. Je suis habitué à voir des phoques dans la Baie, soit lors de mes promenades en bateau, soit directement depuis le rivage quand ils viennent pêcher en certains endroits. On voit en général surgir une tête ronde qui regarde autour d'elle avec un air étonné, inspecte le paysage et se donne le temps de respirer avant une nouvelle plongée. Mais on ne voit jamais le corps des phoques s'ils ne sont pas étendus sur le sable à se reposer. Là, manifestement, ce n'en était pas un ; c'était d'ailleurs un plus gros animal dont la présence était complètement inhabituelle dans la région. L'eau, qui menaçait de passer par dessus mes bottes à chaque vaguelette, m'empêchait d'approcher plus près, mais l'animal lui même venait inexorablement vers le rivage et au bout d'un moment je vis clairement qu'il s'agissait d'une sorte de dauphin.
J'avais souvent vu à la télévision des reportages sur ces cétacés qui, pris d'une sorte de folie ou désorientés par un parasite ou une maladie qui les privait de leur sens de l'orientation, se jetaient sur les plages et allaient ainsi à une mort certaine. Parfois, des volontaires qui se trouvaient là réussissaient, à force de d'entêtement et de persuasion à les faire rebrousser chemin et repartir vers le large. Cela réussisait rarement, mais parfois cela marchait ; il suffisait peut-être de temps en temps d'une intervention extérieure pour que leurs sens reviennent, un peu comme ces très jeunes enfants victimes d'un cauchemard contre lequel les parents ne peuvent rien faire et que la simple venue d'un médecin suffit à appaiser. Je m'avançais vers l'animal afin de tout tenter pour lui venir en aide. Je sentis aussitôt l'eau glacée envahir mes bottes et remonter le long de mon pantalon jusqu'à mi-cuisse.
C'est en février que la mer est la plus froide, qu'elle a perdu lentement toute la chaleur quelle avait emmagasiné pendant la belle saison et qu'elle n'a pas encore vu de belles journées qui lui permettraient de se réchauffer. De surcroît, le vent du nord qui soufflait était glacial et je compris très vite que je ne pourrais pas rester longtemps dans cette position. Je m'approchai du dauphin jusqu'à le toucher et me frottai contre lui afin de lui faire sentir ma présence. Il se tourna sur le côté et je vis un petit oeil étonné qui me regardait. Il n'était pas effrayé et je ne sentais pas non plus en lui d'agressivité. Je le carressai un peu puis, le prenant à bras le corps, j'essayai de le faire changer de direction. L'animal se débattit et m'échappa en un seul coup de queue. Il se rapprochait de plus en plus du rivage. Je revins près de lui et tentai, en faisant obstacle de mon corps, de lui interdire le chemin de la plage. Il était vigoureux et je dû bientôt entamer une lutte au corps à corps pour tenter de le faire changer de direction. Vu le peu de profondeur de l'eau à l'endroit où nous étions son ventre devait certainement toucher le sable ce qui lui ôtait une partie de sa force et m'aidait dans mon travail ; mais la mer était toujours en train de monter et le front où nous menions cette lutte pacifique reculait sans cesse. Je pensai que tant que nous serions à marée montante j'aurais une chance de lui faire rebrousser chemin, mais que dès que le flux s'inverserait il serait beaucoup trop lourd pour que je puisse faire quelque chose s'il arrivait à s'échouer sur la grève. Je n'avais pas non plus le temps d'aller chercher de l'aide : quitter la plage, aller à ma voiture qui se trouvait à près d'un kilomètre et de là au village où il me faudrait encore trouver des gens disponibles et intéressés au sauvetage d'un dauphin, ce n'était même pas la peine d'y songer. Encore en été il y aurait eu des touristes ou des vacanciers qui auraient été heureux de venir me prêter main forte dans cette aventure, mais à cette heure ci, en cette saison, il ne restait au bourg que des personnes agées qui auraient été incapables de la moindre aide quelle que fut leur bonne volonté. J'étais seul, irrémédiablement seul dans cette lutte contre la mort de cet animal obstiné qui s'entêtait à se jeter sur la plage. Je commençais à greloter et à me demander si ce que je faisais n'était pas complètement vain devant la volonté qu'affichait le dauphin. Mais chaque minute était une minute de gagnée et si je réussissais à suffisament l'agacer il finirait peut-être par repartir dans l'autre sens. Soudain je vis avec effroi que la mer avait céssé de monter. Encore quelques instants et elle entamerait son reflux et c'en serait alors fini de ce noble poisson si je n'avais pas réussi à lui faire faire demi-tour. Je redoublai d'efforts pour l'empêcher de s'échouer et le maintenir dans l'eau. C'était un travail exténuant dans cette mer gelée. J'étais maintenant entièrement trempé, j'avais l'impression que mille aiguilles me pénétraient le corps et je commençais à sentir un grand froid intérieur qui me disait clairement que je ne pourrais pas continuer longtemps à rester ainsi dans l'eau. Je sentais venir le vent désolé de la défaite en même temps que mes forces commençaient à m'abandonner.
Soudain j'entendis des claquements secs et répétés qui venaient du large. Je levai la tête et je vis, à quelques dizaines de mètres de là, encore en eau suffisament profonde, un deuxième cétacé qui venait vers moi. Mais celui ci n'avait pas du tout le même comportement calme et résolu. Au contraire, il allait et venait le long de la plage sans s'approcher trop du rivage et lançait des appels affolés en faisant claquer son bec et en poussant de petits cris pointus. Que se passa-t-il alors réellement dans l'esprit de mon dauphin ? Je l'ignore, mais dès ce moment là il marqua une hésitation dans les mouvements qu'ils faisait pour échapper à ma prise. Il était lourd, et je ne réussissais pas véritablement à le tirer du sable pour le refouler vers le large, mais de lui même, en quelques soubressauts, il regagna la mer et rejoignit son congenère qui l'appelait. Je les vis se frotter amoureusement l'un contre l'autre pendant quelques instants puis ils disparurent dans les vagues sans plus se retourner.

27/11/2006

Game...

Quand je fis sa rencontre j'étais polygame

Je lui proposai donc de me faire monogame

"Non", me dit-elle, nous ne jouons pas dans la même gamme.

"Qu'à cela ne tienne, lui dis-je, je serai exogame !

"Trop tard, dit-elle, car je suis game over.

26/11/2006

SAUMUR

C'était un rigolo, il s'était amusé à rajouter un "e" à tous les panneaux à l'entrée de la ville de Saumur. Il a été pris en flagrant délit et déféré devant le tribunal : la note a été salée !

Humer...

Humer un souvenir,

Rappeler une odeur

Faire  renaître un désir,

Un instant de bonheur.

24/11/2006

Quelques vers plus loin...

J'ai tant marché, usé mes pieds, par les chemins
J'ai tant cherché, sans rien trouver, tendu les mains.
Vole mon coeur, envole toi, bien haut, bien haut,
Au fond des cieux, près des étoiles, là haut, là haut.
 
J'ai tant rêvé, tant espéré, comme un destin
Trouver des yeux, qui regardaient, aussi les miens.
Vole mon âme, dans les nuages, y'a des oiseaux
Tu ne seras plus jamais seule et ils sont beaux.
 
J'ai tant brûlé, en feu et flamme, et en baisers
J'ai tant serré, sans regarder, qui j'embrassais.
Vole mon corps, tu t'es usé, à ce festin
Tu ne sais plus, trouver ce qui, te fait du bien.
 
J'ai tant donné, tout coeur et corps, jamais compté,
A tous ceux qui, me souriaient, me désiraient.
Vole ma vie, tu trouveras, l'amour un jour,
Au fond de toi, il te sourit, depuis toujours.

Le soleil se levait...

Le soleil se levait...                                                                                


Au milieu des rochers tout au bout de la plage               
Je l'ai trouvé couché parmi les coquillages                     
Avec le sable blond qui collait à sa peau                         
Tout tremblant de frissons et plein du froid de l'eau.                                           

Le soleil se levait
Et réchauffait sa peau dorée
Le soleil se levait
Éclairait ses cheveux mouillés

Mille soleils brûlants illuminent son corps
Et la lune sensible vient s'y chauffer encore
Quand le matin timide pointe sur l'horizon
Et murmure mon poème en guise d'oraison.

Le soleil se levait
Et réchauffait sa peau dorée
Le soleil se levait
Éclairait ses cheveux mouillés

Tous les bateaux qui passent vers des pays lointains
Laissent un jour une trace en forme de marin
J'ai gardé dans mon cœur et dans mon souvenir
Ce corps couché dans l'eau, ruisselle mon désir.

Le soleil se levait
Et réchauffait sa peau doré
Le soleil se levait
Éclairait ses cheveux mouillés

23/11/2006

L'ami Pierrot...

Elle avait un peu froid, mais ses formes étaient généreuses.

Son corps était rond, sa peau était laiteuse,

Et toute la nuit a dit l'ami Pierrot,

J'ai baisé la lune. 

21/11/2006

Néféroé, reine d'Egypte

Du Nil j'ai  bien connu les deux rives sableuses
Celle d'orient, plus tenue, qui s'attache à l'Asie
Et l'autre, toute nue, qui court à l'Atlantide.
 
Et ces flots continus, cette masse boueuse,
Qui au désert immense vient apporter la vie
N'ont jamais sur mon front fait naître une ride,
 
Car dans ce ciel profond, les étoiles nombreuses
Qui haussent l'horizon  et font que les yeux brillent
En moi ont éveillé un appétit avide.
 
Et chère Néféroé, l'histoire voluptueuse
De ce fleuve qui d'Afrique apporte la magie
Me promet, avec vous, d'aller aux pyramides.